samedi 20 avril 2013

Quelques Articles de presse sur ma dernière exposition, dont celui de Raphael Cuir pour le Art press d'Avril.


Pascal Bauer s'expose au festival NEMO


Pascal Bauer - Le Cercle (2012)
Plus qu'une exposition, c'est quasiment une rétrospective qui est consacrée à Pascal Bauer dans le cadre du festival Némo, le festival arts numériques d'Arcadi. Présentée par la revue et galerie virtuelle Synesthésie, cette sélection d'œuvres qui interrogent le corps et l'esprit est proposée dans l'enceinte du Musée d'art et d'histoire de Saint-Denis.
Le Cercle, pièce maîtresse de cette manifestation, est une nouvelle création co-produite par Arcadi. Il s'agit d'un dispositif qui évoque, par certains côtés, les véhicules "reshapés" de Mad Max ; bien que la référence soit à rechercher dans la mythologie grecque. Monté sur un chariot qui tourne sans fin sur un axe, un écran projette à taille réelle l'image d'un taureau. Minotaure cathodique, la bête, prisonnière de cette trajectoire circulaire, tente d'échapper à son destin par une course chaotique, mais vaine… Ses mouvements de fauve en cage commandant le sens de la rotation, les à-coups et les arrêts de cet étrange attelage qui évolue sur une bande-son composée de bruits, d'ambiances et de captations retravaillées…
Deux autres pièces "encadrent" cette exposition avec également un écran comme "point médian". D'une part, La Foule : on y voit un homme, nu, semblant condamner lui aussi à une marche sans fin dans un espace clôt… Ce dispositif rappelle, en version "high-tech", par ses collages d'images, les études sur le mouvement qu'Étienne-Jules Marey opérait à la fin du XIXème siècle avec son "fusil photographique". Corps en mouvement, statique ou supplicié, à ce (grand) jeu, Pascal Bauer ne pouvait faire l'impasse surL'Élu, variation vidéographique sur la crucifixion…

Réalisation "semi-monumentale", Le Cercle marque une étape importante dans cheminement artistique de Pascal Bauer qui s'inscrit de longue date dans son parcours professionnel, en tant que designer, mais qu'il n'a choisi de révéler que tardivement. Cette exposition nous permet donc de juger de l'amplitude de son travail au regard de 4 années de recherches, d'expérimentations, d'audaces, de provocations. Chaque pièce résulte à la fois d'une lente maturation, d'une pulsion intuitive (image, sensation, etc.) et d'une cristallisation lorsque le process, les matériaux et/ou la technique sont réunis. Autre caractéristique de la démarche de Pascal Bauer, le désir constant de se renouveler, de ne pas exploiter un filon pour, au contraire, s'ouvrir à de multiples aventures esthétiques qui ne sacrifient pas tout au technologique.
D'où son intérêt majeur pour le corps. Un corps non pas magnifié, mais brut; même s'il peut être "mis en scène" ou revêtir des parures qui s'apparente plus à du tuning… Cette inclinaison pour la problématique du corps dans le champ artistique, dont chacun sait le caractère presque expiatoire qui a pu s'exprimer dans les performances de l'actionnisme et du body-art, prend chez Pascal Bauer encore un autre dimension : plus "soft" que ces courants vis-à-vis des quels il ne revendique aucune attache particulière, plus "familière" aussi que ces expériences ultimes… En témoigne ses Objets d'Ego dont on a un aperçu au travers de cette exposition.
A nos grands hommes - Pascal Bauer
Une collection d'artefacts "nés de moments d'énervements", à la finalité parfois improbable… Ou plutôt dont la finalité n'est pas à mesurer à l'aune de leur utilitarisme supposé, mais à considérer pour ce que leur aspect "surréaliste" révèle de la société : son spectacle, son narcissisme mercantile, ses non-dits, ses angles morts…Ainsi Á nos grands hommes (aspirateur recouvert de fourrure de loup…), dont le point de départ est le recyclage de l'image du Che par les multinationales du textile, ou Un moment de détente: un tabouret en bois muni d'une "excroissance orgueilleuse" en guise de pied et d'une ceinture pour en éprouver rudesse prolétarienne par delà l'apparence… Citons aussi L'Odeur des corps (résine, soie et cuir). Un parti-pris pas évident, mais intéressant dans la mesure où, à l'heure du numérique triomphant, l'art privilégie l'œil (la 3D), le toucher  interactivité), l'oreille bien sûr, mais rarement l'odorat. Et ce n'est pas une faute de goût…

Laurent DIOUF, pour Digitalarti et Arcadi

Les machines kafkaïennes de Pascal Bauer
Au musée d’art et d’histoire le plasticien est invité par Synesthésie à exposer au musée ses installations vidéo-robotiques, objets et photographies dans le cadre du Festival des arts numériques Nemo. Du 7 décembre au 28 janvier.

Au fond du cloître, côté est, une curieuse machine blanche aux roues volumineuses tourne en suivant un large cercle. Elle présente aux spectateurs un large écran sur lequel se succèdent des images stylisées d’un taureau semblant évoluer selon une logique précise quoique peu évidente, à la fois libre et contraint par les dimensions de l’écran.

« Le taureau est un animal emblématique qui symbolise à la fois la puissance et l’asservissement », explique Pascal Bauer, le concepteur de la machine. Invité par Synesthésie dans le cadre du festival des arts numériques Nemo à exposer au musée d’art et d’histoire, ce plasticien passé par le design travaille beaucoup sur la notion d’aliénation.

« Depuis l’âge de 14 ans, je suis marqué par Kafka. J’ai avec cet auteur majeur une proximité d’esprit. En fait, je pars du constat suivant : notre appartenance à une société nous permet de vivre, mais dans le même temps nous enferme. Ici, la machine est le symbole de cette contrainte sociale. »

Pascal Bauer présente au musée de nombreuses autres pièces qui offrent, selon lui, un panorama fidèle de son travail de ces quatre ou cinq dernières années. Comme cet homme qui évolue (toujours au sein d’un écran) sur une ligne droite. Il va et vient, se déplace mais ne peut dépasser les limites imposées, l’espace fermé (La Foule).

« Ce que je trouve intéressant dans ce que fait Pascal Bauer, c’est qu’il met en lien la vulnérabilité de l’humain et la machine qui le modifie. Et son travail est très spectaculaire, il peut s’apprécier selon différents niveaux de lecture », dit Anne-Marie Morice, la directrice de Synesthésie.

Outre le cloître, Pascal Bauer investit d’autres lieux du musée. Dans la chapelle, il présente L’Élu, une autre vidéo sur laquelle un crucifié sans bras se débat dans un équilibre précaire. Là encore, c’est la fragilité et le danger qui émanent. La salle du chapitre accueille plusieurs installations, ses Objets d’ego(s), souvent nés d’instants vécus ou perçus.

Pousser la contradiction

« Par exemple, pour À nos grands hommes, je suis parti du T-shirt orné du visage du Che. Ce que le mercantilisme a fait de cet homme m’énerve profondément ! », s’écrie-t-il. Un vieil aspirateur recouvert de fourrure est prolongé par son tube, qui devient ici fusil, fièrement brandi par une sorte de Buffalo Bill du pauvre vêtu du fameux T-shirt. Le ridicule tue-t-il ? « J’ai voulu pousser la contradiction jusqu’au bout de sa logique. »

Chez Pascal Bauer, l’humour n’est jamais loin. « Il permet de parler de manière légère de choses denses et profondes. » L’humour et l’étrangeté. Avec Ne jamais laisser vos enfants seuls ou Icône, il joue avec l’image et la matière, détourne les unes, tord les autres, fouille les antagonismes violence/douceur, immobilité/mouvement.

« Je travaille beaucoup sur la notion de contradiction et sur la récupération bourgeoise des choses qui les vide de leur sens premier », lance-t-il. Présenter ses œuvres au musée d’art et d’histoire était un défi. Synesthésie l’a relevé. « Faire se rencontrer ce lieu magnifique, ô combien patrimonial, avec quelque chose de très contemporain, voire futuriste, nous a semblé, au musée et à nous, particulièrement intéressant », répond Anne-Marie Morice. Mais plus qu’à un choc des cultures, Pascal Bauer nous entraîne vers une vision révoltée d’un monde aseptisé, dénaturé. Une vision finalement intemporelle.

Benoît Lagarrigue pour JSD



Photos, vidéos, objets : l'expo étonnante de Pascal Bauer



« Le cercle, la foule, l'élu et les objets d'ego(s). » C'est l'intitulé étrange de l'exposition qui présente quatre années de travail de Pascal Bauer, au musée d'Art et d'Histoire de Saint-Denis. A travers des installations vidéo-robotiques, des objets, des photographies, des sons, l'artiste s'empare de sujets graves. Il explore les facettes de l'aliénation et de la part de la douce folie égocentrique qu'il nous faut assumer pour vivre.
Ses portraits et autoportraits expriment la dépossession, la perte d'autonomie. Le corps est exposé dans sa fragilité, encastré dans une mécanique complexe à laquelle il se plie. Les œuvres sont ludiques au premier abord, puis plus profondes. Les images, fixes ou en mouvement, frappent l'esprit des spectateurs. Parmi la quinzaine de pièces présentées, le Cercle (notre photo) est un dispositif impressionnant qui met l'écran en mouvement sur lequel un taureau semble réagir de façon imprévisible à la présence du public.
Jusqu'au 28 janvier au musée d'Art et d'Histoire, 20 bis, rue Gabriel-Péri. Samedi et dimanche de 14 heures à 18h30, lundi, mercredi, vendredi de 10 heures à 17h30, jeudi de 10 heures à 20 heures. Tarif unique : 1 €. Gratuit ce dimanche comme le premier dimanche de chaque mois.
Le Parisien