jeudi 18 novembre 2010

CHIC ART FAIR - Interview - Propos recueillis par Marie-Émilie Fourneaux octobre 2010

©PASCAL BAUER COURTESY SCHOOL GALLERY PARIS

_Pascal Bauer, vous êtes davantage connu en tant que designer qu’en tant qu’artiste plasticien. Comment êtes-vous venu à l’art contemporain ?__
J’ai toujours créé. Tout petit déjà, je faisais des choses qui étonnaient mes parents. J’ai décidé il y a un an de donner de la visibilité à mon travail artistique : cela devenait, dirais-je, une urgence. J’ai fait une exposition chez Olivier Castaing (School Gallery à Paris) aux mois de juin et juillet derniers. Je réalise des œuvres photographiques, des images très simples mais aussi travaillées de façon spécifique, ainsi que des installations vidéos. Ces dernières ne sont pas « classiques » dans la mesure où je cherche à toujours définir un objet catalytique de sens. J’essaie également de briser l’immatérialité associée à la vidéo. Les pièces vidéos que je conçois revendiquent leur statut d’objet par le truchement d’un ou plusieurs écrans, lesquels peuvent être statiques ou en mouvement. L’installation intitulée « Le Vol » par exemple, est constituée d’une multitude de petits écrans fixes avec un travail de montage vidéo très spécifique. « La foule », en revanche, a la particularité de mettre l’écran en mouvement de façon synchronisée à ce qui se passe dans l’image. Ceci n’a, je pense, jamais été réalisée jusqu’à présent. Toutes ces œuvres procèdent d’une recherche de sens et non d’une idée formelle. La création de « La foule » est née d’un désir d’évoquer un personnage enfermé dans un objet, qui marche dans un inlassable va-et-vient matérialisé par les allers et venues de l’écran sur un rail. L’objet permet à l’individu d’exister mais contraint à la fois son existence. Il y a là une métaphore sociale évidente. « Le Mur » est une pièce beaucoup plus complexe techniquement. Un bras mécanisé pivote à 180 degrés tandis qu’un écran court le long de ce bras et peut pivoter lui-même. Des séquences d’images me montrent marchant à quatre pattes. Ici également, mon autonomie de mouvement m’est donnée exclusivement par le pivotement du bras dans deux directions. Le parcours est toujours restreint.

__Alors que vous souhaitez donner une matérialité aux vidéos, l’image à l’écran s’évanouit parfois dans « La Foule ». Pourquoi ce paradoxe ?__
« La foule » a été précédée d’une maquette intitulée « Le marcheur ». Composée d’une simple carcasse de traceur, elle permet à l’individu de faire des allers-retours sur le même principe mais l’image est plus simple et l’échelle plus petite. Comme j’aime travailler dans un renouvellement constant de mes préoccupations, j’ai voulu dans « La foule » travailler sur la notion d’image grâce à un parasitage qui met en évidence son statut. Il fait disparaître le personnage et lui fait perdre son identité. Cette perte de forme l’amène à un état quasi protozoaire, avant l’animal ! Cette dématérialisation progressive s’accompagne d’un bruit de foule, lequel donne, je pense, un certain sens à ce mouvement perpétuel. « L’élu » est une pièce plus simple : un écran est adossé à une petite croix de bois. Cet élu n’a pas les moyens de conserver son statut et est en reprise d’équilibre constante. Il n’a pas de bras mais c’est l’infirmité qui le sauve. Il y a là aussi tout un jeu de signifiance, cette pièce est loin d’être gratuite. J’aimerais transformer cette œuvre en projection vidéo à grande échelle ou à échelle anthropomorphique. En réalité, je ne me sers de la technologie que lorsqu’elle me permet d’exprimer quelque chose de précis, lorsque cela a du sens. Cette recherche m’a amené à développer des programmes. J’emploie ainsi chaque fois la matière qu’il faut pour aller vers ce que je souhaite.

__Comment avez-vous acquis cette technicité ?__
Je suis quelqu’un qui aborde très facilement les techniques et les matériaux. C’est très ludique pour moi. J’ai un background assez conséquent donc dès que je soupçonne qu’une matière ou une technique va pouvoir m’aider à construire l’image et l’ambiance que j’ai en tête et le sens que je recherche, je vais aller au plus efficace et me diriger vers le meilleur moyen de transcrire la chose. Je ne connaissais rien à l’électronique il y a un an et demi, je m’y suis mis et cela fonctionne. Il est drôle d’entendre certains électroniciens demander comment j’ai réalisé « La Foule ». Ils ne devinent pas la façon dont je m’y suis pris alors que c’est en réalité extrêmement basique. Depuis que je crée ces pièces, je me suis intéressé à l’art numérique car certaines personnes commencent à m’englober dans ce champ. Je me défends un peu d’appartenir à ce domaine même si je dois reconnaître que certains éléments que j’emploie y sont apparentés : l’ordinateur, l’électronique, le comportemental. Certaines œuvres numériques sont intéressantes mais beaucoup restent très illustratives et ennuyeuses, une foie leur aspect ludique consommé. C’est une classification artistique relativement neuve qui pour moi n'a pas de sens, un peut comme si vous sépariez tous les peintres qui utilisent de l'acrylique, de ceux qui utilisent de l'huile. L'art numérique est souvent pratiqué par des professionnels de la technique ou de l’ingénierie. Ceux-ci sont noyés dans leur technicité et leurs créations n’ont pas grand intérêt car rien ne s'en dégage en profondeur. Grâce à mon habitude d’utiliser différentes techniques et matières, je pense avoir acquis un esprit assez synthétique me permettant de faire des raccourcis très rapides pour arriver à l’efficacité que je recherche, sans me laisser dominer par la technique qui ne reste qu'un outil. Ce n'est jamais un essentiel. Et la encore, dans un domaine ou la majorité des oeuvres sont d'ordre immatérielles, je revendique la matérialité.

__Pourquoi vous mettez-vous systématiquement en scène ?__
Avant tout par choix pratique. J’ai, à l’heure actuelle, une multitude de projets en cours où je fais appel à des figurants. Mon exigence évolue par rapport aux pièces que je travaille. Utiliser mon propre personnage a longtemps eu du sens, notamment par la dimension humoristique. Je préfère m’inclure dans cette dérision plutôt que d’associer les autres immédiatement. Maintenant que je me suis impliqué, je peux inviter d’autres individus. Je prépare actuellement une exposition avec des objets très spécifiques où ma partie design sera d’un certain apport. Elle se composera en trois temps : présentation des objets, accrochage de photos montrant ces objets utilisés par des individus et une vidéo qui regroupera tout cela avec une certaine densité sans rien de motorisé ou de technologique. Ce travail sur les objets a une origine très ancienne puisque la première pièce date de 1993. La deuxième intitulée « A nos grands hommes » et réalisée en 2009 est un aspirateur des années 50 recouvert d’une peau de loup. J’ai sculpté une crosse de fusil autour du tube de l’aspirateur. Ayant recommencé cette série il y a un an et demi, j’ai pour l’heure créé quatre ou cinq objets assez truculents.

__Avez-vous d’autres projets en matière de vidéos ?__
« Le Vol » peut être considéré comme une maquette. Cette pièce est composée de 14 écrans vidéos tous autonomes. Sur chacun des écrans, un personnage active ses bras  dans une tentative vaine de voler. Il y arrive finalement a priori si l’on considère le fond en perpétuel mouvement, lequel met en évidence la fragilité des individus. Le travail de montage vidéo découle ici d’un processus technique très précis et assez complexe puisqu’il permet d’avoir ce fond qui se répand en continu sur l’ensemble des écrans. Chacun d’entre eux est autonome et possède son propre quartz lui donnant sa propre temporalité. Ainsi, tout est synchronisé lorsque l’on met l’installation en route et, au fur et à mesure, un décalage se produit. Au bout de quelques heures, c’est un désordre total. J’apprivoise volontiers cet « accident » car il ramène encore à mon propos. A partir de cette maquette, je travaille sur un projet de deux cents écrans de cette même dimension (18 centimètres de diagonale). L’installation fera 10 mètres carrés. Le travail vidéo sera encore plus conséquent : il y aura des changements de décor relativement brutaux puisque je parle dans cette œuvre de la fragilité des personnages amenés à être baladés au moindre courant d’air. Comme ces nuages de moucherons que l’on peut voir au-dessus d’un arbre : un petit coup de vent les balaie et ils reviennent malgré tout. On passera d’un paysage bucolique et champêtre, à un décor industriel, etc. Je suis en train de chercher les financements pour réaliser cette pièce. Imaginez ce nuage de moucherons humain, vibrant à quelques centimètres de votre tête.
Je prépare une pièce qui utilise la robotique sans l'afficher et qui tire vers le monumental. Une pièce qui utilise de nouveau cette symbiose image machine. Avec une forme de véhicule qui se déplacera sur une surface de 200 m². j'ai reçu un financement pour cette pièce. Elle devrait être présentée entre le printemps et l'automne prochain.
Je voudrais aussi, avec cette typologie d'oeuvre, glisser vers une dimension chorégraphique, mais je n'en suis qu'aux balbutiements.

__Vous travaillez ainsi sur la condition humaine, sur une certaine absurdité ou fragilité de la vie.__
Oui. Si vous allez sur mon site, vous trouverez une œuvre de Net Art intitulé « Pourquoi le monde tourne  ». C’est un parcours de mots que l’on peut faire en cliquant sur des mots encadrés. Il part d’une dimension qui n’a aucun intérêt, qui est à la limite ridicule tant elle est redondante : celle des quatre éléments. L’on part ensuite complètement ailleurs pour arriver à un paysage global d’aliénation. C’est sans doute cette œuvre réalisée en 2007 qui m’a amené à constater que je travaille artistiquement depuis toujours sur des dimensions d’aliénation. Autre œuvre autour du mot : « Ready made ». c'est un travail qui découle de mon statut de designer. Elle regroupe une liste de 11800 termes provenant de la liste de Locarno : elle comprend les dénominations d’objets plus ou moins courants. Compilés à partir des fichiers des différents organismes de propriété industrielle européenne, ils sont répertoriés en classes et sous-classes, catégories selon lesquelles vous pouvez déposer un modèle. C’est un petit tableau de 80 par 60 cm. J’ai extrait ces termes de leurs classifications et les ai classés dans un ordre alphabétique. La parenté s’effectue au niveau du vocable et non plus au niveau du sens. Cela donne donc un parcours totalement poétique. L’intéressant réside dans le fait que ces termes représentent la globalité des préoccupations de la matière grise humaine en matière de production d’objets. Arriver à circoncire la pensée humaine en matière de production d’objets à un format tel, c’est un peu effrayant.

__Les thématiques abordées dans vos œuvres rejoignent-elles vos préoccupations en matière de design ?__
Non. Je travaille en matière de design sur des choses extrêmement minimalistes et essentialistes où toute la concentration est portée sur l’usage, le geste, l’appropriation de l’objet. La liberté que va pouvoir donner l’objet au corps, à une attitude ou à des gestes dans une dimension d’efficacité et de plaisir. J’envisage mes créations artistiques et mon travail de design de façon très séparée bien que l’un enrichisse l’autre de temps en temps. Quand je travaille sur le design, je suis totalement absorbé pendant un mois, six mois, deux ans,… Peu importe. Il en va de même pour la dimension artistique : quand je m’y mets, j’y suis pleinement.
Pourriez-vous s’il vous plaît en dire davantage sur vos projets passés et actuels en matière de design ? Je préfèrerais ne pas mélanger, c'est très bien comme cela

__Avez-vous de nouveaux projets en matière de photographie ?__
J’ai plus d'une quinzaine de projets en latence que je réalise au fur et à mesure des moyens financiers ou du contexte. J’ai commencé une série de portraits où l’individu gémellaire est amoureux de lui-même : une image de narcissisme absolu (« Amour facile »). L’objectif est de réunir un certain nombre de portraits de collectionneurs ou simplement de personnes d’accord pour se prêter à l’exercice et de réunir l’ensemble de ces compositions photographiques dans un ouvrage. J’ai également utilisé la gémellité dans un travail plus ancien où des personnages androgynes sont constitués d’un visage féminin et d’une silhouette masculine. Sur la question de l’identité, j’ai initié une série où je photographie des hommes de dos, accroupis, si possible tous chauves de façon à ce qu’il n’y ait moins de signe identitaire. Il est possible malgré tout de retrouver une identité puisque nous sommes tous profondément différents. En guise de loisir, je photographie également des hommes en uniforme que je surprends dans des positions truculentes, la scène enveloppée d’un doux flou hamiltonien (« L’Amour de l’uniforme »). Enfin, un autre travail photographique en cours s’appuie sur des « déployés » de corps et de visages, comme si l’ensemble de la peau était pressé derrière une vitre. Pouvant être celle d'une conservation aseptisée ou bien celle ou les visages d’enfants s'écrasent d'une grimace joyeuse et baveuse. Ces photographies sont très ambiguës. Développer la peau du crâne posait problème, cette dimension de peau était incohérente. J’ai donc pris le parti de la morceler sur l’image en fine lamelle qui forme autour du personnage une sorte d’aura christique. J’ai noyé l’individu dans de la dorure à la feuille et pour évoquer le côté « chair conservée ou écrasée », j’ai placé l’image sous diasec, surface très transparente qui rappelle la vitre. « Icône » est la première pièce d’une série de portraits photographiques que je vais réaliser avec des modèles très beaux afin de jouer sur le pathos. Je vais déployer leurs corps, doigts et orteils compris, dans des positions très publicitaires, évanescentes. La dorure autour sera très imposante pour un résultat assez dense.

Propos recueillis par Marie-Émilie Fourneaux

mardi 5 octobre 2010

Du 22 au 25 octobre 2010, School Gallery à CHIC ART FAIR

Olivier Casting présentera sur son stand plusieurs de mes pièces dont "La foule". Un écran de 1,27mètre se déplace sur une poutre de 7 mètres de façon synchronisée aux mouvements d'un personnage qui l'anime.

mardi 8 juin 2010

Catalogue de l'exposition à la School Gallery comportant un texte de Julie Estève.

©PASCAL BAUER COURTESY SCHOOL GALLERY PARIS


« La vie n’a aucune espèce d’existence choisie, consentie, déterminée. Elle n’est qu’une série d’appétits et de forces adverses, de petites contradictions qui aboutissent ou avortent suivant les circonstances d’un hasard odieux. » Antonin Artaud.


Il marche, entièrement nu. Inlassablement, il accomplit le même trajet. Sur des rails, il fait des allers-retours, des vas et viens. Inlassablement. Dépouillé de toute conscience, il avance, en vain et en cadence, le regard fixe, le regard droit, comme un bon soldat, gardien de sa servitude. En automate, la machine le rassure, le guide, détermine son trajet, son destin. Pourtant, il n’est pas seul. On imagine, derrière, devant, à ses côté, une armée, qui comme lui, s’acharne, pas à pas, à ne pas savoir qui lui dicte sa route et sa pensée. « Le marcheur », 2009.

Pascal Bauer réalise des installations dans lesquelles des écrans vidéo dépendent d’un appareillage souverain, d’une mécanique complexe qui semble infaillible. A l’intérieur, des hommes en mouvement sont plongés dans un espace autoritaire, soumis au dangereux refrain d’une tâche à accomplir, à la pernicieuse rengaine d’une attitude à reproduire. Sans rémission, ni recours possible. Si l’un des personnages, docile, se fracasse le crâne en boucle sur une planche en bois (« Le cogneur », 2008), un autre, à quatre pattes, rampe tel un fauve qui s’est habitué à sa cage (« Le mur », 2009). Suspendu à une croix et dénué de bras, aveuglément un homme gesticule, s’agite, s’épuise. Dans un équilibre précaire, il est au bord de la chute, du vide. (« L’élu », 2008). Tous contrôlés par un ordre supérieur, petits esclaves, simples pantins, ils obéissent au doigt, à l’œil.

Il y a, dans le travail de Pascal Bauer, intrinsèquement lié aux questions philosophiques contemporaines, quelque chose de la pensée de Peter Sloterdijk. L’humanité est elle devenue « un parc humain » et les hommes « des animaux sous influence » ? Car à travers les œuvres de l’artiste, s’écrivent les oppressions, les formes de domestication, d’aliénation, de dressage de l’homme par l’homme. Si la violence se lit dans ces scènes animées et « machinisées », si le spectacle montre l’humiliation et l’avilissement d’hommes réduits en conscience et en dignité, Bauer utilise et emploie aussi l’absurde comme une arme. Peut être pour dire les trahisons et les déceptions d’un certain humanisme. Si son vocabulaire plastique, sévère, hiérarchique est en rupture avec l’esprit de conciliation, c’est sans nul doute pour soulever les consciences endormies.

"A quel point un individu peut-il ou a-t-il le droit de développer une autonomie d’être dans la société qui l’a enfantée ? Quelle est la pertinence du concept de libre arbitre ? Comment un individu peut-il s’exprimer selon une doctrine communautaire, extrémiste, sclérosante, vis-à-vis d’une autre communauté à laquelle il aurait pu appartenir selon une autre disposition du hasard ?" s’interroge l’artiste


Julie Estève

mercredi 10 mars 2010

Pourquoi le monde tourne 2007

Animation visible sur le site web : http://paalbauer.free.fr/alienation.swf

Pourquoi le monde tourne 2007, est un parcours de mots sur Internet, qui commence sur un thème galvaudé jusqu’à l’insignifiance, pour aller ailleurs.
Voici un texte qui pourrait, non pas l’expliquer, mais donner un sentiment de l’état d’esprit dans lequel ce parcours de mots s’est construit. L’organisation des mots compte autant que leur succession, et finit par représenter un organigramme aux agencements troublants.


A quel point un individu peut-il, ou bien même a-t-il le droit, de développer une autonomie d’être dans la société qui l’a enfanté?
Quelle est la pertinence du concept de libre arbitre? De quelle liberté disposons nous pour construire notre pensée?
Combien notre besoin d’intégration sociale bride notre capacité de raisonnement? Pourquoi la société se fragmente t-elle dans une clanification qui démultiplie les frontières?
Combien d’individus s’intègrent-ils dans un parti politique, moins par conviction que pour suivre un lien social à leur portée?
Comment un individu peut-il s’exprimer selon une doctrine communautaire, extrémiste, sclérosante, voire agressive, vis-à-vis d’une autre communauté, à laquelle il aurait pu appartenir selon une autre disposition du hasard?
Comment, autour de la deuxième guerre mondiale, des idéologies dominantes, qui ont depuis prouvé leur absurdité destructrices, ont-elles pu coexister, quasi simultanément, dans une multitude de nations de plusieurs dizaines de millions d’individus?
Pourquoi, aujourd’hui encore, des idées véhiculées par des " trop impliqués" proclamés spécialistes, sont-elles d’une telle prégnance, malgré leur absence de logique basique. Pourquoi les non-spécialistes ne développent-ils pas plus de méfiance, plus d’autonomie critique dans leurs pensées?
Notre fragilité réside dans notre manque d’imagination.

L’imagination n’est q’un concept. Elle n’existe pas. Notre intelligence en est dépourvue. Elle ne dispose que d’un unique outil pour être opérante sous forme de pensée : l’association. Elle est en cela extrêmement pauvre ou extrêmement riche en fonction du contexte dans lequel elle opère. On ne peut associer que ce que l’on connaît, donc que ce que l’on considère, donc ce à quoi nous sommes ouverts.
Or nos populations subissent une spécialisation naturelle, originelle, par leur enfermement géographique, qui commence à peine à s’estomper dans une mondialisation naissante. Cette spécialisation qui n’est pas sans attrait puisque c’est aussi ce que l’on appelle culture, se diffuse de temps en temps avec bonheur. Mais elle se maintient ataviquement sous formes communautaires, avec pour avantage, la conservation de ces cultures, et pour inconvénient, l’enfermement des individus. Dilemme insoluble.
Or, L’un des réflexes de nos sociétés est de déterminer les individus par l’enseignement, limitants ainsi leurs capacités d’ouverture. Or, l’autre réflexe de ces mêmes sociétés est de fabriquer des outils aliénants. Religions, idéologies, modes, publicité, pression sociale, violence, argent, sont des langages, des medias, qui diffusent inlassablement leurs messages anesthésiants et refusent la transgression de leurs propres valeurs.
Dans ce contexte, la moindre goutte d’émancipation individuelle est un trésor. Le constat optimiste que l’on peut faire, étant, que depuis la naissance de l’homme, il semblerait que l’on n’ait jamais cessé de progresser. Même si ce progrès se trouve régulièrement grippé dans les rouages d’une monstruosité sans limites, l’émancipation semble gagner du terrain.
Le constat pessimiste résidant dans la multiplication et la diversification de ces langages ou outils aliénants.

Pascal Bauer        

dimanche 7 mars 2010

Pourquoi le monde tourne 2007




Pourquoi le monde tourne 2007,   est un parcours de mots sur Internet, qui commence sur un thème galvaudé jusqu’à l’insignifiance, pour aller ailleurs.
Vous pouvez suivre ce parcours sur le lien plus bas.http://paalbauer.free.fr/alienation.swf